Le Beau et les émotions: question tabou selon les courants en art-thérapie?
Sans aller décortiquer les concepts théroriques de l'art ou du soin...
Doit-on exclure l'émotion du beau ou du laid par l'expression du goût dans une démarche créative et artistique si cela permet à la personne de se sentir bien? La recherche esthétique qu'elle soit contemplative ou pratique, ne met-elle pas en mouvement la personne?
Doit-on exclure l'expression verbalisée ou non des émotions personnelles, voire des sentiments qu'ils soient ressentis comme agréables ou désagréables à travers le processus créatif et artistique s'il permet également à la personne de se sentir mieux?
Si l'art-thérapie est de favoriser l'expression, la communication et la relation, chaque personne doit pouvoir avoir la liberté par l'art d'exprimer verbalement ou non ses ressentis qu'ils soient d'ordre corporels ou psychiques puiqu'ils permettent de donner de la couleur à la vie et d'exister. Avez-vous vu le film 3D "Vice-Versa"? Empêcher l'un des petits bonhommes "tristesse", "colère", "dégoût", "peur" et "joie" de s'exprimer peut devenir nocif pour la santé sur le plan corporel, psychique et social. Chaque personne peut donc aussi exprimer sa recherche esthétique ou non selon sa sensibilité et pourquoi en faire une question tabou? exprimer ce qui nous semble beau ou pas, c'est bien aussi savoir s'affirmer, non?
Sans faire de l'art-thérapie un atelier d'art, ni une séance de psychothérapie, l'espace art-thérapeutique est étudié par le professionnel pour permettre à chacun d'être acteur dans cet espace thérapeutique. Aussi, le professionnel veillera à proposer des situations étudiées et adaptées à la personne selon son chemin et son état pour lui permettre de devenir actrice de son soin. C'est sans doute un point majeur qui différencie une séance d'art-thérapie d'une séance d'art ou de psychothérapie et qui permet de considérer cet accompagnement en tant que soin de support, notamment dans les services de soins palliatifs, en cancérologie, en pédiatrie.....
Aussi, je peux lire et entendre de nombreux débats sur la question du "beau" et de "l'expression des ressentis" en art-thérapie et parfois je me demande si l'ouverture est vraiment en chacun de nous. Je garde pourtant espoir avec mon travail de fourmi dont mon mémoire de fin de cursus fait parti, d'ouvrir les fenêtres entre chaque paroisse... Pour ma part, j'ai expérimenté l'art-thérapie avant même de comprendre qu'il existait différents courants, ce qu'en tant que personne m'était à priori bien égal tant qu'elle m'apportait du bien, jusqu'au jour où j'ai souhaité en faire mon métier!...Pour ma part, dans chaque courant, il y a des choses très intéressantes et chaque art-thérapeute devrait à mon sens pouvoir se former sans complexe aux différentes approches dans la mesure où cela enrichit la pratique professionnelle pour répondre aux besoins de la personne accompagnée en art-thérapie! N'oublions pas que la personne est la mieux placée pour savoir ce qui lui convient le mieux. L'art-thérapeute ne doit-il pas aller au rythme de la personne qu'elle accompagne?
Pourtant, dois-je bien reconnaître que dans la panoplie des nouveaux métiers dans le soin, l'art-thérapie est encore à ses débuts. Malgré de nombreuses études, même scientifiques, permettant de démontrer les bienfaits dans un large domaine: médical, social, psychologique...malgré les certifications, diplômes universitaires....le chemin pour être reconnu en tant que profession paramédicale reste encore long! Pourtant, les choses évoluent...
Ci-dessous, réalisation au cours d'un atelier d'expression créative et de bien-être en collectif (de moi, je précise....). Beau ou pas, ce petit bonhomme tend et ouvre les mains pour faire signe à ceux qui préfèrent, ne pas voir, ne pas sentir, ne pas entendre, qu'il est encore temps d'une renaissance ensemble!